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- les monnaies d’États ayant cours légal circulant sur des blockchains,
- risque de supply dirigée, contrôle géographique, gel de wallet, transactions limitées,
- plus rapide que l’inter compte bancaire, moins cher que le FIAT digital,
- risques de fin des stablecoins privés et du cash de la vraie vie.
Les CBDC (“Central Bank Digital Currencies” en français monnaie numérique de banque centrales) seront des formes numériques de la monnaie ayant cours légal (FIAT), utilisant les standards de la technologie blockchain et émises par les banques centrales.
Contrairement à la monnaie traditionnelle qui est sous forme de billets de banque et de pièces de métal (la part des paiements en espèce chez les consommateurs est estimée à 45%) les CBDC seront émises exclusivement sous forme électronique.
Quelles différences avec une monnaie numérique classique ?
Du point de vue de la politique monétaire :
- 💸 les CBDC se distinguent par leur émission centralisée susceptible d’être influencée par l’entité émettrice, à l’image de la monnaie FIAT,
- ₿ à contrario une crypto-monnaies décentralisée comme Bitcoin a une inflation programmatique ce qui signifie qu’aucun participant ne peut influencer la masse monétaire actuelle et à venir.
Sur le plan géographique :
- 💸les CBDC peuvent être restreintes à des usages par des acteurs enregistrés sur une zone géographique (ex : uniquement les Européens),
- ₿ tandis que les crypto-monnaies sont mondiales par essence.
Avec l’entrée en application de MiCA en Europe les stablecoins émis par des entités privées comme Tether (USDT) ou Circle (USDC) seront beaucoup plus régulés sur les exchanges centralisés de la zone EURO et l’utilisation de l’euro numérique de banque centrale pourrait s’imposer.
Concernant le stockage :
- 💸les CBDC pourraient introduire des mécanismes de contrôle, exposant les utilisateurs à la censure s’ils ne respectent pas les conditions émises par l’autorité centrale. Les autorités pourraient aussi contrôler et neutraliser à distance les porte-monnaie électroniques soupçonnés de blanchiment ou liés à des personnes condamnées,
- ₿ à l’inverse, les crypto monnaies offrent une décentralisation totale, permettant aux utilisateurs de gérer leurs actifs avec leurs propres clés de sécurité échappant à tout contrôle.
En matière de transfert de valeur :
- 💸 les CBDC peuvent être soumises à des restrictions et poser la question du respect de la vie privée des utilisateurs,
- ₿ tandis que les crypto-monnaies actuelles permettent des transactions sans entraves surtout quand les échanges restent décentralisés (donc hors exchanges centralisés).
Il cependant à noter que Tether (USDT) participe déjà régulièrement à la neutralisation de vols on-chain en collaboration avec les autorités étatiques car son smart contract permet la limitation de circulation des jetons (ex : ils ne peuvent plus sortir de wallets qui sont blacklistés).
Toutes ces différences reflètent les choix stratégiques des autorités monétaires dans la création et la gestion des devises numériques, impactant directement la manière dont ces monnaies seront utilisées dans notre quotidien.
Un moyen de paiement plus rapide avec moins de frais
La rapidité des transactions
- ₿ du côté des CBDC les technologies de layer2 permettent de se rapprocher de la vitesse de réseaux de paiement comme VISA (on part de loin avec les L1 https://howmuch.net/articles/crypto-transaction-speeds-compared) tout en ayant une gestion décentralisée et donc au plus prêt des utilisateurs,
- 💸certains virements de compte à compte interbancaire pourraient être les premiers améliorés par des blockchains privées/permisionned de CBDC banques.
La réduction des coûts de transaction serait permise par le retrait d’intermédiaires et de l’automatisation des processus pourrait bénéficier à la fois aux utilisateurs individuels et aux entreprises marchandes. Cependant cette économie reste encore à démontrer au sein de la zone domestique d’une monnaie (en Europe pour l’EURO par exemple), elle semble beaucoup plus évidente pour des paiements en dehors de cette zone (payer en EURO dans le monde entier auprès des marchands qui acceptent cette monnaie) en limitant par exemple les conversions d’une monnaie à l’autre.
Les CBDC ouvrent aussi la voie à une accessibilité améliorée aux services financiers traditionnels aux exclus du système bancaire, leur permettant de détenir des comptes directement auprès de la banque centrale. Aujourd’hui il y a des établissements spécialisés pour ce type de comptes comme Nickel, les cartes de paiement prépayées ou la Banque Postale mais les possibilités restent limitées.
Les possibilités d’innovation :
- ₿ avec les CBDC les développeurs peuvent créer des applications financières novatrices exploitant la nature numérique et programmable des blockchains (smart contract),
- 💸la monnaie électronique actuelle nécessite en Europe des licences (établissement de monnaie électronique, établissement de paiement) qui prennent plusieurs années à être obtenues et même si des statuts d’agent de paiement réduisent ce délai les services proposés sont très encadrés et peu propices à l’innovation.
Banque commerciale & intermédiaires
Concernant les banques commerciales :
- la Banque Centrale Européenne (BCE) travaille sur le circuit de distribution de l’euro numérique qui pourrait bouleverser le mode de fonctionnement actuel. Aujourd’hui quand vous déposez vos euros sur un compte bancaire, vous détenez alors un titre de créance sur votre banque commerciale. Elle-même obtient un droit auprès de la banque centrale. Les banques de dépôt sont aussi autorisées à émettre de la monnaie au travers des prêts.
- ₿ les CBDC peuvent participer à réduire ou supprimer les frais ajoutés à la transaction en éliminant les intermédiaires bancaires ou de paiement électronique ce qui réduirait les coûts de transactions mais supprimant aussi les réserves des banques commerciales.
Ne pouvant pas être totalement écartées du système, les banques commerciales pourraient faire partie de l’écosystème des CBDC en tant qu’infrastructure de fonctionnement du réseau ou intermédiaire de terrain ainsi que rester en contact auprès de ces clients pour le conseiller sur des produits financiers. Elles peuvent aussi entrer dans l’économie crypto en devenant PSAN avec par exemple un enregistrement custody permettant de les conserver pour le compte de leurs clients.
Pour ce qui est des réseaux de paiement de proximité (Mastercard, Visa, CB) les CBDC pourraient transformer le fonctionnement des échanges clients/commerçants par des réseaux blockchain décentralisés et assurer une sécurité dans les transactions.
L’idée du peer-to-peer (consommation quotidienne) avec des euros numériques serait l’objectif de la BCE, sans un réel suivi des transactions mais l’on voit facilement que les euros numériques ne pourront jamais donner la liberté de dépense qu’offre le cash qui reste encore actuellement une alternative essentielle qui malgré ça réduit d’année en année en volume.